Ce mardi 18 mars 2025 s’est ouverte à Abuja au Nigeria la troisième réunion du Comité de gestion de la Réserve régionale de sécurité alimentaire de la CEDEAO. Cette réunion de deux jours qui prendra fin le mercredi 19 mars 2025 fera le bilan des activités menées par la Réserve depuis la dernière réunion en 2023 et planifiera les interventions de 2025, dans un contexte marqué par une crise alimentaire croissante en Afrique de l’Ouest et un bouleversement géopolitique régional et mondial.
En Afrique de l’Ouest et au Sahel, la sécurité alimentaire continue de se détériorer en raison de la persistance des conflits, de l’instabilité économique et des effets du changement climatique. En décembre 2024, près de 34,7 millions de personnes nécessitaient une assistance alimentaire et nutritionnelle immédiate, un chiffre qui pourrait atteindre 47 millions d’ici la période de soudure de juin-août 2025, si des mesures urgentes ne sont pas prises. La malnutrition reste également une préoccupation majeure dans plusieurs pays de la région.
Face à cette situation, la CEDEAO, en collaboration avec les États membres, le Tchad et la Mauritanie, œuvre pour renforcer les mécanismes de réponse rapide et durable à travers la Réserve régionale de sécurité alimentaire. Celle-ci vise à compléter les efforts des États pour fournir une assistance alimentaire rapide et diversifiée aux populations affectées, promouvoir la solidarité régionale et contribuer à la souveraineté alimentaire et à l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest.
Le Comité de gestion avec son Bureau exécutif est la pièce maîtresse de la gouvernance de la Réserve. Il décide de l’ensemble des opérations qui entourent son fonctionnement : achats, entreposage, rotations techniques et interventions en réponse à une crise.
Cette 3ème réunion du Comité de Gestion, vise notamment à présenter aux membres du Comité un bilan détaillé des opérations réalisées depuis mars 2023 et à soumettre à leur décision les opérations prévues pour 2025 (achats, interventions, rotations techniques, reconstitutions, etc.). Au cours de ladite réunion, les membres auront également à débattre et valider le plan de mobilisation des ressources pour soutenir les États membres dans leurs réponses aux crises alimentaires, nutritionnelles et pastorales.

Par ailleurs, tirant leçons des dix années de mise en œuvre de la stratégie régionale de stockage en confrontant la théorie à la pratique de sa mise en œuvre sur le terrain, les échanges du Comité de gestion permettront de lancer le processus de révision de ladite stratégie et les règles de fonctionnement de la Réserve régionale dans le but de renforcer la coordination et l'efficacité de l’action collective pour mieux prendre en charge les nouveaux défis liés à l’évolution du contexte sociopolitique au double niveau régional et international.
Parlant des défis auxquels fait face la région, le Secrétaire permanant, Dr Marcus Ogunbiyi qui ouvert les travaux de la réunion au nom du ministre fédéral nigérian de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, Sénateur Abubakar Kyari CON., a attiré l’attention des participants sur le besoin croissant d’un financement souverain de l’agriculture ouest-africaine en général et plus particulièrement des mécanismes de réponse aux crises alimentaires à adapter aux réalités des Etats.

A la suite de Dr Ogunbiyi, le Directeur exécutif de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (ARAA), Monsieur Mohamed Zongo, parlant au nom de Madame Massandjé TOURE-LITSE, Commissaire de la CEDEAO en charge des Affaires économiques et de l’Agriculture, a rappelé que depuis sa création, la Réserve a réalisé des progrès significatifs. Elle dispose actuellement d’un capital projeté de plus de 74 000 tonnes de vivres, entreposées dans plusieurs zones de notre région, pouvant être déployées rapidement en cas de besoin. Les stocks de sécurité alimentaire apparaissent comme des outils clés de protection sociale, utilisés à différentes échelles - locale, nationale, régionale - pour répondre efficacement aux crises alimentaires.

Cette réunion du Comité de Gestion rassemble des représentants des États membres de la CEDEAO, du Tchad, de la Mauritanie, des institutions régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS), des organisations de producteurs, de la société civile, du secteur privé ainsi que des partenaires techniques et financiers. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts de la CEDEAO pour construire un système alimentaire régional plus résilient, capable de répondre efficacement aux chocs actuels et futurs. Les résultats attendus permettront d’orienter les actions prioritaires pour l’année 2025, dans un esprit de solidarité et d’intégration régionale.