Avec l’impact inattendu de la Covid-19 sur le secteur de l’élevage, la région devra s’armer davantage pour faire face à une série de défis comme la crise pastorale, la famine dans les exploitations familiales, l’accroissement des conflits ruraux, la cherté des produits animaux et l’arrêt de la transhumance transfrontalière.

Quoique l'élevage traite de la vie animale, il requiert une attention humaine quotidienne. Par ailleurs, lorsque les activités humaines sont perturbées, comme c'est le cas avec la Covid-19, le secteur de l'élevage est inévitablement affecté. En effet, la réduction des activités de production animale et des mouvements d'animaux due à la pandémie, crée des défis majeurs dans les chaînes de valeur alimentaires avec des implications sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que sur les moyens de subsistance.

La transformation de la viande de volaille et les couveuses ne fonctionnent plus à pleine capacité, ce qui affecte la quantité et le prix de la viande sur le marché. Du fait des difficultés de transport des couveuses vers les fermiers, les poussins peuvent ne pas être disponibles pour remplacer la volaille vendue. La chaîne d'approvisionnement en viande rouge de la région du Sahel vers les pays côtiers est également menacée. Une perturbation de cette chaîne d'approvisionnement en protéines animales a des conséquences sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations urbaines et sur les moyens de subsistance des éleveurs et autres personnes vivant de cette filière.

La Covid-19 pourrait donc entrainer des pertes du cheptel, une paupérisation des éleveurs, des agropasteurs, et de leurs familles, la disparition des marchés à bétail transfrontaliers, la réduction de l’offre en protéines, l’installation d’une crise socio-économique pouvant entrainer l’effritement de la cohésion sociale et l’enrôlement de certains éleveurs dans des groupes armés dû à la dégradation de leurs conditions d’existence et à la perte de leurs capitaux sociaux.

Par ailleurs, la perturbation de la chaîne traditionnelle d’approvisionnement en poisson des pays côtiers vers le Sahel, du fait de la pandémie, aura un impact sur le rôle du poisson dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et surtout sur les moyens de subsistance des pêcheurs et autres personnes vivant de cette activité.

Enfin, le confinement des populations et la fermeture de certains laboratoires et institutions vétérinaires entraîneront la suspension des tests et de la recherche sur les maladies animales ainsi que la perturbation de la surveillance et de la notification des maladies animales. En effet, le faible accès aux intrants vétérinaires augmente le risque de développement de nouvelles épidémies, notamment celles des maladies animales transfrontalières (la peste des petits ruminants, l'apparition récente de la peste porcine africaine au Togo, etc.) pouvant provoquer d'importantes pertes de bétail ainsi que des foyers de maladies animales transmissibles à l'homme.

Afin d’atténuer ces risques, la Cedeao, à travers le projet Predip, a fourni des produits et équipements sanitaires, notamment des kits de lavage de mains, du savon liquide, du gel hydroalcoolique, des thermomètres infrarouges, de l'eau de javel et des affiches de sensibilisation au ministère de l'Élevage et de la Pêche du Mali. Ce don contribue à limiter la transmission de la maladie entre humains et à prévenir la contamination des surfaces grâce au renforcement des pratiques d'hygiène.

Ces efforts devraient être renforcés par des actions complémentaires comme, entre autres, la disponibilité et la circulation des intrants et des extrants pour la production animale, en publiant par exemple une liste des exemptions aux restrictions de mouvements, le renforcement de la surveillance, de la prévention et du contrôle des maladies animales transfrontalières, le renforcement de la capacité des laboratoires nationaux de référence, et la collaboration interprofessionnelle et multisectorielle en matière de prévention et de contrôle des maladies animales transfrontalières et de zoonoses dans le cadre de l'approche One Health ("Une seule santé").