Les 24 et 25 mai 2023, l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation de la CEDEAO (ARAA), organise à Ouagadougou au Burkina Faso, en collaboration avec le Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel AGRHYMET CCR-AOS du CILSS, un atelier régional de partage d’expériences sur l’utilisation des informations agro-hydro-climatiques et leurs implications pour l’agriculture.

Réduire l’insécurité alimentaire est un enjeu majeur pour le futur de l’Afrique subsaharienne où l’augmentation rapide de la population et les retombées potentiellement négatives des changements climatiques menacent l’équilibre fragile de la sous-région ouest-africaine. Dans le domaine de l’agriculture, être en mesure d’anticiper les fluctuations météorologiques et climatiques quelques jours à quelques mois à l’avance, peut constituer une valeur ajoutée hautement importante.

L’Afrique de l’Ouest fait partie des régions du monde les plus vulnérables aux effets de la variabilité et des changements climatiques. Les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur, etc. sont les principales réalités qui sont à l’origine d’impacts négatifs sur la productivité agricole ainsi que la vie des milliers de ménages en Afrique de l’Ouest. Face à cette situation, la CEDEAO s’est appuyée sur sa politique agricole (ECOWAP/PDDAA) adoptée en 2005 et complétée par son programme stratégique sur la réduction de la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques, pour lancer, en juin 2015, l’Alliance ouest africaine pour l’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC). Cette Alliance doit contribuer aux efforts de celle Africaine visant l’adoption des pratiques d’AIC par 25 millions de ménages d’ici 2025. Dans cette lancée, la CEDEAO collabore fortement avec le Comité permanent Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et ses institutions spécialisées, notamment le Centre Régional AGRHYMET qu’elle a déjà labélisé auprès de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) comme Centre Climatique de Référence pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (AGRHYMET- CCR/AOS).

De même face au défi climatique, la CEDEAO met en œuvre, en partenariat avec le CILSS, le Projet régional de promotion de l’agriculture intelligente face au climat en Afrique de l’Ouest (AIC). Ce projet de 3 ans est financé par le Fonds d'Adaptation à travers la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), et exécuté par l’ARAA, dans le cadre de l'Alliance ouest africaine de l'Agriculture Intelligente face au Climat. Il vise d’une part à réduire la vulnérabilité des agriculteurs et des éleveurs face à l’augmentation des risques climatiques qui entravent la sécurité alimentaire, et d’autre part à renforcer la génération de revenus et la préservation des services écosystémiques dans les communautés démunies.

L’objectif global de l’atelier est de servir de cadre de partages d’expériences en matière de production, diffusion et utilisation des informations agro-hydro-climatiques dont notamment les prévisions agro- météorologiques des saisons agricoles, entre les acteurs des cinq (05) pays bénéficiaires du projet (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Niger et Togo).

Pour atteindre ces objectifs et répondre aux besoins de l’initiative, un accent particulier sera mis sur les zones d’intervention du projet, pour faire le point sur l’utilisation des informations agro-hydro-climatiques (notamment les prévisions saisonnières et météorologiques) et leurs implications pour l’agriculture au niveau local.

Pour le Coordonnateur du Projet, M. Jacques André Ndione, « la priorité n’est pas seulement de renforcer les capacités des acteurs sur des notions aussi capitales que pratiques pour les producteurs que sont l’accès aux informations hydro-climatiques et agrométéorologiques, les conseils (notamment dans le choix des meilleurs pratiques pour réduire les risques et maximiser les profits liés à la saison agricole), mais que réellement ils s’en approprient et surtout qu’ils aillent eux-mêmes vers l’information. Cela contribue à repenser notre manière de faire l’agriculture et d’insérer l’information climatique comme un intrant dans le calendrier cultural au même titre que l’engrais et les autres fertilisants ». Le représentant du Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel AGRHYMET, Dr Alhassane Agali insiste sur l’importance des prévisions saisonnières climatiques qui n’est plus à démontrer. « En effet, la production et la diffusion d’informations caractérisant la saison des pluies permettent aux agriculteurs, aux gestionnaires des ressources en eau, aux agences de réduction des risques et catastrophes, aux décideurs et autres acteurs de faire des choix judicieux pour entamer la saison des pluies, porteuse à la fois d’espoirs et aussi d’inquiétudes pour nos populations, particulièrement en ces temps de changement climatique. », rappelle-t-il.

Les résultats attendus de cet atelier coanimé par les experts du Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel AGRHYMET CCR-AOS du CILSS et de l’ARAA, en présence des cadres des services de la météorologie nationale, de l’agriculture, de l’élevage, des ressources en eau et des organisations des producteurs des cinq (05) pays du projet, sont entre autres :

• les expériences des services météorologiques des pays dans la production, la diffusion et la communication des produits et informations hydro-climatiques et agrométéorologiques pour les secteurs de l’agriculture et de l’élevage aux niveaux national et local sont partagées et discutées
• les produits, les moyens et outils de diffusion/communication et d’utilisation des prévisions saisonnières sont partagés et leurs implications pour l’agriculture sont discutées et comprises,
• les expériences des acteurs des domaines de l’agriculture, de l’élevage et des ressources en eau enmatière d’utilisation des informations agro-hydro-climatiques sont partagées.
• des recommandations sont formulées pour combler les points faibles et optimiser la diffusion et l’utilisation des informations agro-hydro-climatiques dans les planifications agricoles pour minimiser les risques et maximiser les profits liés aux saisons culturales.